Qui était Robert Boulin?
« Une des clés pour comprendre Boulin, c’est la Résistance : dès 1941, à 20 ans, il a été chef d’un réseau en Gironde. Ce qui suppose un certain caractère. Quand il s’est retrouvé face à cette machination, il est rentré de nouveau en résistance. » Benoît Collombat
« J’ai fait le film par civisme, (…) J’espère que ça va faire prendre conscience aux français qu’on s’est un peu foutu de leur gueule depuis trente ans » François Berléand
« J’ai toujours pensé que le journalisme pouvait permettre d’établir des grilles de lecture de l’histoire récente. Avec cette affaire, nous avons une des boîtes noires de la Ve République. » Benoît Collombat
« Il est des morts qui sonnent le glas d’une société. » Mgr Poupard, Notre-Dame de Paris 4 Novembre 1979
« Dans son petit village de Gironde de 900 habitants, quand les lois anti-juives ont été placardées sur les murs de la mairie, l’insupportable a franchi les digues et mon père a bien pris la mesure de ce que ces lois impliquaient et en quoi elles étaient inadmissibles; confidences faites à Bertrand qui l’interrogeait beaucoup alors que moi je respectais son silence. Quand je lui ai demandé un jour à quel moment il avait pris sa décision de rentrer en résistance, il m’a tout de même répondu: "A un moment donné la situation devient insupportable", employant ainsi l’expression qu’il utilisait souvent pour marquer les zones à ne pas franchir: "cela m’insupporte!". » Fabienne Boulin
« Robert est mort à cause de son intégrité. Il fallait l’empêcher de parler à cause de tout ce qu’il savait, notamment les dossiers de financement occulte des partis politiques de tous bords. Et puis parce que Giscard s’apprêtait à le nommer Premier ministre en remplacement de Raymond Barre. Son intégrité et ce pouvoir-là, ça leur a fait peur. Quinze jours avant sa mort, il est venu déjeuner à la maison avec sa femme. Il a pris mon père à part, mais j’ai entendu ce qu’il lui disait : “Alexandre, je compte sur toi. Je suis menacé, ce ne sont pas des tendres, et je compte sur toi pour prendre soin de Colette et des enfants.” » Laetitia Sanguinetti
« Comprendre l'affaire Boulin est une sorte de passeport pour un paysage mental, civique et politique : le jugement critique » Antoine Perrault
« Comment voulez-vous que le pays sache son chemin dans la tourmente, si ceux là même qui se disent ses guides , se taisent, par tactique de politiciens étroits, ou par crainte de compromettre leurs situation personnelles » E. Zola sur l’affaire Dreyfus, Figaro 5 décembre 1897
« Un président français vient d’être condamné pour le principe, à une peine symbolique, vous le savez, tout le monde est au courant. Mais j’aimerais revenir sur des événements plus anciens, à une époque où on nous parle de tentative de holding sur la dette publique. J’aimerais qu’on n’oublie pas la mort d’un homme, qui était bien droit, et qu’on a assassiné. Il s’agit de Robert Boulin. Ça fait déjà longtemps qu’on pille les finances de la France. Qu’on cède notre fortune à des intérêts privés, qui en récompense nous criblent de dettes. N’oublions pas Robert Boulin et n’oublions pas non plus, tous ses assassins, qui coulent des jours paisibles et heureux. Ne l’oublions jamais. » Témoignage d’un anonyme au répondeur de l’émission Là Bas si j’y suis, Décembre 2011
Robert Boulin est né le 20 juillet 1920 (Villandrault, Landes), d’un père gascon contrôleur des manufactures des tabacs et d’une mère girondine. Il entre en 1941 dans le réseau Navarre. En 1943, il est engagé volontaire. Licencié en lettres et en droit, il devient après guerre avocat à Bordeaux puis à Libourne. Gaulliste convaincu, il accède à la mairie de Libourne en 1959. Ministre pendant 15 ans sous trois présidents successifs, il fut surnommé « le Colbert de la Ve République ». Deux signes particuliers le distinguaient: une intégrité sans faille et une fibre sociale très marquée.
Biographie complète sur le site de l’Assemblée Nationale
1959 – 1979 : maire de Libourne 1973 – 1979 : conseiller régional d’Aquitaine
1958 – 1979 : député de la 9e circonscription de la Gironde
24 août 1961:Secrétaire d’État aux Rapatriés (gouvernement Michel Debré)
14 avril 1962:Secrétaire d’État aux Rapatriés(1er gouvernement Pompidou)
11 septembre 1962 Secrétaire d’État au Budget (1er gouvernement Pompidou, remanié)
6 décembre 1962 Secrétaire d’État au Budget (2e gouvernement Pompidou)
6 décembre 1966 Secrétaire d’État au Budget (3e gouvernement Pompidou)
7 avril 1967 Secrétaire d’État à l’Économie et aux Finances (4e gouvernement Pompidou)
31 mai 1968 Ministre de la Fonction publique (4e gouvernement Pompidou remanié)
12 juillet 1968 Ministre de l’Agriculture (gouvernement Maurice Couve de Murville)
22 juin 1969 Ministre de la Santé publique et de la Sécurité sociale (gouvernement Chaban-Delmas)
6 juillet 1972 Ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement (gouvernement Messmer)
27 aout 1976 Ministre chargé des Relations avec le Parlement (gouvernement Barre)
30 mars 1977 Ministre délégué à l’Économie et aux Finances (2e gouvernement Barre)
03 Avril 1978 Ministre du Travail et de la Participation (3e gouvernement Barre)